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Et si les émotions devenaient les alliées de l’entreprise

L’entreprise face aux émotions, une posture pas encore bien assumée

La tradition a tendance à opposer raison et émotion. Et dès lors que le paradigme de la raison est dominant en entreprise, il n’est pas surprenant que les émotions y aient longtemps été mises de côté.

Pourtant, sur ce sujet aussi difficile qu’il aborde des dynamiques neuropsychologiques, multiples, complexes et, il y a peu encore taboues, on sent que l’entreprise se cherche. Est-il de son devoir de traiter les émotions de ses collaborateurs ? Et surtout, quelle place leur réserver, comment les accueillir sans risquer le chaos ?

De timides tentatives

Certes, l’exercice classique de la « météo intérieure » (le tour de table où chacun est invité à partager brièvement son humeur) peut faire sourire, susciter ironie voire agacement. Pour inaugurer une réunion dont personne ne se réjouit, cette technique, même si elle est motivée par des intentions positives, peut sonner faux dans des milieux « corporate » froids et encore souvent démunis face aux réels enjeux de développement personnel. Qui plus est, elle n’offre qu’une courte parenthèse de douceur à des collaborateurs qui n’ont d’autre choix, aussitôt la réunion terminée, que de ravaler des émotions à peine exprimées, afin de ne pas troubler l’environnement « paisible » de l’open space.

Mais ces timides tentatives apparues en entreprise dans la fin des années 90 sont néanmoins les bienvenues :

  • Elles sont le signe que les temps changent : on ose désormais s’intéresser à ce sujet peu rassurant, auparavant enfermé au placard de peur qu’il ne vienne troubler la délicate mécanique de la machine.
  • Vecteurs de confidence sincères, ces moments peuvent enrichir les liens entre collègues et favoriser un réel apaisement, même momentané.

Toutefois, objectivement, ces expériences sont mitigées et cachent mal les signes d’un mal-être croissant en entreprise (absentéisme, burnout) de même que la défiance de la jeune génération par rapport à cet univers et ses codes vieillissants.

Est-ce le rôle de l’entreprise de prendre soin des émotions de ses collaborateurs ?

Les partisans du « chacun garde ses problèmes à la maison, pas de déballage d’états d’âme entre collègues » diront que l’entreprise n’a ni la vocation ni les ressources pour « jouer les psychologues ». Pourtant, dans bien des cas, le monde professionnel génère des émotions négatives (angoisse, sentiment d’inutilité, découragement, perte de sens, résignation, etc.) clairement contreproductives pour le rendement de l’entreprise et l’accomplissement de ses objectifs dans le long terme (si un stress ponctuel peut augmenter les résultats de manière temporaire, dans la durée, elle les amenuise). Il est donc bienvenu que l’entreprise, sans pour autant faire de la thérapie, accueille les émotions dans son périmètre, mais aussi construise des environnements de travail générateurs d’émotions positives.

Les émotions : risques et opportunités pour l’entreprise

  • Les émotions répétées et intenses fatiguent, érodent la motivation, diminuent la lucidité, les comportements collaboratifs et donc, in fine, mettent à mal le développement harmonieux de l’entreprise. Sans compter que lorsqu’elles s’agitent en vase clos, elles ont tendance à s’auto-alimenter et s’auto-renforcer (phénomène de « rumination »). Plus spectaculaires et directement dommageables, les émotions fortes comme la colère engendrent des paroles, actions ou décisions regrettables : « Bon sang, je n’aurais jamais du raccrocher au nez de mon client… ».
  • Les émotions constituent un signal qui traduisent un besoin. Elle constituent une opportunité de prise de conscience à l’échelle de la personne mais aussi de l’organisation. Apportons toutefois une nuance : on exprime parfois des émotions liées à des « faux besoins ». Elles sont la résonance de besoins certes profondément éprouvés mais qui renvoient à des histoires personnelles, parfois anciennes, mal digérées. Ce type d’émotion doit dans une juste mesure pouvoir être accueilli en entreprise mais idéalement être traité en dehors de celle-ci.
  • Réponses à un stimulus de notre environnement, les émotions (du latin ex-movere: mouvoir vers l’extérieur) mettent en mouvement. Elles constituent une communication parfois brute de décoffrage certes, mais toujours authentique. Une fois décodé, ce signal primaire peut laisser place à un dialogue constructif car juste et sincère. Quand on sait l’écouter, l’émotion nous montre la voie d’un processus vertueux qui facilitera l’harmonie entre l’organisation et le collaborateur.

 

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Que faire des émotions ?

Grand Matin vous propose quelques pistes. Laissez-vous porter par l’une ou l’autre d’entre elles, mettez-vous en mouvement, offrez-vous la liberté d’expérimenter et observez où ces chemins vous mènent.

  • Pratiquez l’empathie, cette capacité naturelle chez l’humain à ressentir les émotions de l’autre, à se mettre à sa place. Adopter une posture empathique avec un collaborateur en souffrance, c’est encourager l’expression de ses émotions et donc contribuer à leur atténuement. Attention toutefois à ne pas tomber dans les pièges du « parler à tout prix pour meubler » ou de l’interventionnisme qui consisterait à écouter la souffrance de l’autre mais aussi à lui fournir des solutions toutes faites pour y remédier. L’empathie s’accompagne de silences. Au sein de l’échange, elle laisse de l’espace pour que les émotions se libèrent, nourrissent un dialogue positif et dans certains cas, se dissolvent d’elles-mêmes.
  • Encouragez vos collaborateurs à enrichir leur vocabulaire émotionnel, pour pouvoir mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. On est souvent confus face à ses émotions. Et de fait, le champ des émotions est vaste et les sentiments qui nous assaillent souvent subtiles (les humeurs) ou hybrides (les états d’âme), ce qui ajoute à la complexité de leur lecture. Et force est de constater que avons souvent reçu une éducation bien légère à ce sujet. Posséder un lexique approprié aide à percevoir finement ce qui agite notre mental. Une perception claire induit automatiquement un meilleur détachement par rapport à nos troubles et, ainsi, un apaisement souvent immédiat. Une appréhension lexicale fine de nos émotions permet aussi de les exprimer à notre entourage et ainsi induire une empathie bienfaisante de leur part.
  • Parlez à vos équipes, éveillez-les au fait qu’on peut être esclave de ses émotions. Mais expliquez-leur aussi qu’on peut s’en libérer quand on en prend soin et qu’on leur laisse un peu d’espace. Oui, il est permis et souhaitable de remettre à plus tard un meeting, quand on est sous l’emprise de l’émotion : «  Je suis en colère sur Gérard mais, en conscience, je peux décider de l’appeler plus tard… inutile de lui sortir ses quatre vérités sur un coup de sang…».
  • Définissez un cadre juste : l’entreprise n’est pas le lieu adéquat à l’expression anarchique et sans retenue  de n’importe quel ressenti. Trop intimes ou trop fortes, certaines émotions peuvent susciter du malaise dans un contexte professionnel. En invitant les collègues à prendre un rôle de sauveur qu’ils ne peuvent ni ne doivent assumer, ce genre de confidence risque d’isoler davantage le collaborateur en souffrance dans un sas de protection qu’il aura lui-même créé. Quand une émotion dépasse la capacité d’accueil de l’interlocuteur, il est plus sain de s’en remettre à un thérapeute professionnel.
  • Encouragez les pratiques aidant à apaiser le mental et améliorer le discernement. Méditation en pleine conscience, cohérence cardiaque, yoga, …: oui c’est possible aussi sur le lieu de travail. Ces techniques sont simples, peuvent être pratiquées au bureau, devant son ordinateur et quelques minutes d’exercice s’accompagnent déjà d’effets significatifs. Qui plus est, avec un entraînement régulier, l’état de pleine conscience devient naturel et renforce notre sérénité vis-à-vis des aléas du quotidien.
  • Cultiver un terrain propice aux émotions positives : reconnaissons que celles-ci sont là pour rayonner au sein de nos équipes. Dans cette perspective, il est d’une importance capitale pour l’entreprise de mobiliser ses collaborateurs par sa raison d’être : « le « why » cher à Simon Sinek, la vision et les valeurs partagées.

 

Vers une symbiose émotion – entreprise : des témoignages enthousiasmants, une discipline qui s’apprend, des perspectives nouvelles pour votre organisation…

Si le monde de l’entreprise est encore quelque peu maladroit, la bonne nouvelle c’est que la gestion des émotions est soutenue par un savoir-faire technique, efficace et que vous pouvez intégrer aisément au cœur de vos équipes. Avoir la maîtrise des émotions comme peut nous l’enseigner Marshall Rosenberg au travers de la ‘Communication Non Violente’ est simple dans sa pratique et donne déjà d’excellents résultats dans certaines organisations.

De merveilleux témoignages de transformation montrent que le chemin est à la portée de ceux qui y consacrent un peu de moyen et que le jeu en vaut vraiment la chandelle.

Prendre soin de soi et prendre soin des autres cela s’apprend. Un entraînement adapté peut vous mener à une évolution rapide, efficace et vertueuse à l’échelle de toute l’entreprise. A l’instar de notre corps, notre mental peut aussi, si on l’entraîne avec la bonne gymnastique, devenir plus fort et plus agile. Prendre conscience de ce potentiel, instaurer une dynamique légère et intuitive qui permet de faire grandir vos collaborateurs et votre entreprise : Grand Matin éclaire votre chemin.

 

Deux conseils de lecture pour aller plus loin :

http://hypno-therapie-humaniste-paris.fr/peut-on-gerer-ses-emotions-un-article-de-christophe-andre-sciences-humaines-magazine/

https://www.capital.fr/votre-carriere/mediter-au-boulot-les-conseils-du-psychiatre-christophe-andre-1339270